jeudi 8 mars 2012

Inaccessibles sommets...



J'avais prévu de parler de veille, mais puisque nous sommes le 8 mars pour encore quelques heures, je vais plutôt vous proposer un addendum à mon précédent billet.

En bibliothèque, nous avons la chance d'évoluer dans un milieu très féminisé, même en haut de l'échelle (environ 70% de femmes en bibliothèques et environ 70% de femmes parmi les conservateurs d’État). Sur mon lieu de travail actuel, il y a une majorité de femmes sur les postes à fortes responsabilités, et une majorité d'hommes sur les postes de magasiniers. C'est fort plaisant de sentir la normalité qui se dégage de cet état de faits. Qu'importe le genre de l'un ou de l'autre (ça tourne quand même pas mal dans l'équipe), il ne me semble pas ressentir de tensions sexistes, ni dans un sens, ni dans l'autre.

Mais à voir que les choses vont si bien, j'ai tendance à me demander : où est l'astuce ? Nos bibliothèques universitaires sont-elles vraiment un des rares lieu où l'égalité des sexes est respectée ? Quels sont les chiffres ?
Et c'est en me posant ces questions que je suis tombée sur l'excellent mémoire d'étude DCB de Séverine Forlani, daté de décembre 2009. Ses observations sont multiples et je vous laisserais donc parcourir le document pour obtenir plus de chiffres et de précisions.

Notons tout de même quelques points :
- Il y a 70% de femmes conservatrices d'Etat ;
- Dans le corps des conservateurs généraux, le nombre de femmes tombe à 60% des effectifs ;
- Il y n'y a que 57% de femmes directrices de SCD ;
- Pour les bibliothèques des universités les plus prestigieuses, le taux de femmes directrices tombe aux environs de 50% ;
- On observe une tendance à la "remasculinisation" du métier de conservateur au travers d'un plus fort taux d'admission au concours et donc d'une plus forte proportion de conservateurs de 2ème classe ;
- Certaines années, la proportion de femmes admises au concours externe de conservateur d'Etat est très inférieur (jusqu'à 35% seulement) aux pourcentages jusque là cohérents de candidates et de femmes admissibles (autour de 65%), ce qui suggère une discrimination positive des candidats masculins.

Et je vous passe toutes les observations de S. Forlani quant à la tendance à la dévalorisation des métiers lorsque les femmes les investissent (absolument terrifiant) ou sur la difficile féminisation des noms de fonctions (à m'en crever le cœur).

Conclusion : on n'est pas sorties des ronces. Comme l'explique l'auteure, les femmes ont du pouvoir en bibliothèque mais pas *le* pouvoir. Il reste plus difficile pour une femme d'atteindre les postes les plus prestigieux. Et, aujourd'hui, les candidates au concours de conservateur externe, bien que majoritaires, on en fait moins de chances d'être admises que leurs camarades masculins.

Alors le prochain qui sort une blague vaseuse sur la "journée de la femme", je le décanille.


Licence Creative CommonsPhoto : prise par moi-même en Isère en février 2011.
Ce texte et cette photo sont mis à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Paternité - Pas d'Utilisation Commerciale - Partage à l'Identique 2.0 Générique.

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