mardi 23 décembre 2014

Un peu de lecture pour les vacances



Je profite des vacances pour rattraper mon retard de veille, du coup je me suis dit que j'allais partager... 
Remarque : tous ces articles sont en anglais.

Bonnes fêtes à tous !


Que faire quand on trouve une fleur préservée dans un livre ancien ?

Pliez votre propre in-octavo !

Une analogie entre journaux scientifiques et matriochkas.

Un article très intéressant remettant en cause l'idée que "trouver" soit le principe fondateur de la plupart des formations que nous donnons aux étudiants.

Qui l'a tweeté en premier ? Phil Bradley nous explique comment trouver cette information capitale avec un nouvel outil... (Ça marche plus ou moins bien : il date le premier #pointrenne d'octobre 2012 alors qu'on peut en retrouver dès décembre 2011 en remontant le hashtag...)

Citer ou ne pas citer Google comme sa source première... (Et de la qualité des informations qu'il nous fournit directement.)

Une vidéo promotionnelle de bibliothèque étonnament bonne.

Qui devrait enseigner la citoyenneté numérique ?

Quel est votre capital numérique ?

En février aura lieu un grand échange de livres pour enfants.




Photo ci-dessus par Sharon Drummond - Partagée avec une licence Creative Commons Attribution-NonCommercial-ShareAlike

mercredi 17 décembre 2014

Un accent, des accents



Qui parmi vous pense pouvoir se débrouiller en anglais au motif qu'elle peut regarder des séries américaines sans les sous-titres ? J'avoue que j'ai longtemps fait partie de cette catégorie. Mais, si c'est un bon début, c'est loin d'être suffisant ! Surtout si ce ne sont pas les États-Unis que vous visez, mais le Royaume-Uni...

Car voilà ce qu'on ne nous a jamais dit en cours d'anglais : il n'y a pas un mais des dizaines d'accents possibles... C'est d'ailleurs là un de mes plus grands plaisirs depuis que j'habite Londres : j'écoute les gens parler dans la rue, dans le métro, à la télévision, et je me délecte de tous ces délicieuses musiques. Dans une même conversation, il y a rarement deux personnes avec le même accent.
Car non seulement le Royaume-Uni est extrêmement riche en accents divers et variés, mais à Londres c'est encore accentué par un melting-pot international ultra-réussi.

  • Conséquence 1 : si vous venez à Londres, ne soyez pas embarrassés par votre accent français. 1/ Tout le monde à l'habitude d'entendre des gens avec des accents différents. 2/ L'accent français est unanimement reconnu comme étant l'accent le plus sexy (oui, je sais, ça fait bizarre, quand on a appris à détester le magnifique "accent anglais" que produisent la plupart de nos compatriotes) et donc tout le monde vous pardonnera si vous transformez vos "the" en "ze".
  • Conséquence 2 : c'est beaucoup beaucoup plus difficile de suivre une conversation dans un groupe britannique si le seul accent avec lequel vous êtes un temps soit peu familiarisée est l'accent américain. Mais ne vous inquiétez pas pour ça, on va y remédier dès à présent.
[Disclaimer: Je n'ai rien d'une linguiste ; si vous trouvez des erreurs dans mon texte, signalez-les moi et je ferais les modifications!] 

Le RP


Parlons tout d'abord de l'accent dit "standard", le "RP" ou "Received Pronunciation". N'allez pas croire que, parce qu'il est standard, il est neutre - c'est loin d'être le cas.
On l'appelle aussi l'accent BBC parce que pendant longtemps les speakers et speakerines de la chaîne parlaient uniquement avec cet accent-là. Il est aussi appelé accent d'Oxford ou accent de la Reine... Dans les faits, il a une connotation très anglaise (rappelez-vous, l'Angleterre, n'est qu'une partie du Royaume-Uni !), snob et chic. C'est l'accent de la famille royale, de David Cameron et de tous ceux qui ont été éduqués dans l'une des prestigieuses "public schools".
Du coup, c'est celui-là que vous pourrez entendre dans tous les films en costumes (à vous - presque - toutes les versions d'Orgueil et Préjugés !).
C'est aussi l'accent de Colin Firth dans Le Discours d'un Roi. Et c'est celui qu'ont les aristocrates dans Downtown Abbey (les domestiques ont quant à eux l'accent du Yorkshire).

Si on s'éloigne un peu de Buckingham, on tombe sur toute une foule d'accents régionaux qu'on ne détaillera pas tous parce qu'ils sont vraiment trop nombreux. Allez plutôt jeter un oeil sur la page Wikipedia sur le sujet (en anglais bien sûr).
Mais je voulais néanmoins vous donner quelques exemples associés à des références de films ou de séries, histoire que vous puissiez répliquer la prochaine fois que vous vous faîtes un marathon série "Tu comprends, j'essaie de me familiariser avec l'accent du Gloucestershire, et y a du boulot !".

Exemples choisis


Au sein même de Londres, on trouve des variations d'accents, le plus célèbre d'entre eux étant l'accent Cockney (qui tient presque plus de la langue régionale !). Pour tester celui-là, il vous faut jeter un oeil à la série East Enders. N'essayez pas de vous la faire en entier (ils en sont à près de 5000 épisodes !), quelques minutes suffiront...
Pour quelque chose de meilleure qualité, allez plutôt voir Ripper Street dont on ne me dit que du bien (c'est la prochaine série sur ma liste !).

Si vous voulez vous projeter vers le Nord de l'Angleterre, écoutez donc le neuvième Docteur (Christopher Eccleston, mon préféré) dans la première saison du reboot de 2005 de Doctor Who.
Toujours dans le Nord, j'ai lu de bonnes critiques de la série The Mill où l'on peut apparemment entendre des accents de Manchester et de Liverpool (le "Scouse accent").
Pour faire le contraste entre accents du Nord (laborieux) et du Sud ("posh"), essayez la mini-série de la BBC North and South, adaptée du livre d'Élisabeth Gaskell.

Pour l'Ouest de l'Angleterre, allez donc regarder Hot Fuzz (extrait ici... bien à propos), où vous pourrez entendre des dialectes du Somerset.

Pour l'accent écossais, vous vous référerez bien sûr au douzième Docteur (Peter Capaldi, saison 8) et vous en profiterez pour regarder l'épisode spécial de Noël le 25 décembre. Ou l'excellente série policière Broadchurch (la version britannique, pas le remake américain) où David Tennant a pu garder son accent écossais.
Si vous êtes plutôt film, je conseille La Part Des Anges de Ken Loach (attention, vous allez avoir besoin des sous-titres !).

Apparemment, on peut entendre pas mal d'accents du Pays de Galles dans Torchwood. Et c'est l'accent que prend Tom Hardy dans Locke (mais, ne l'ayant pas vu, je ne sais pas ce que ça vaut).

Si vous voulez pousser jusqu'à l'Irlande et en profiter pour en apprendre plus sur l'histoire du pays, jetez donc un oeil à The Wind That Shakes the Barley (Le vent se lève) de Ken Loach (encore) ou à Michael Collins.

Enfin, je ne peux m'empêcher de vous recommander de regarder Top of the Lake, une mini-série de Jane Campion, où vous pourrez entendre de beaux accents Néo-Zélandais et Australiens. Mais je m'égare.

Et sur les ondes...


Une fois que vous serez bien échauffés avec toutes ces séries et films, le test ultime (avant le passage à l'acte et le billet d'Eurostar), c'est la radio. Plus de support visuel pour vous raccrocher aux branches, plus de sous-titres pour vous mâcher le travail, c'est le grand bain !

Mais c'est aussi le début de votre découverte de BBC radio 4, de ses émissions humoristiques et de ses fictions radiophoniques, qui ont toujours le vent en poupe de ce côté-ci de la manche. Si vous voulez commencer "facile", prenez-en une adaptée d'un roman que vous aurez lu au préalable. Par exemple, il existe une très bonne version de Neverwhere de Neil Gaiman avec un casting de folie.

Sinon, ma préférée c'est Cabin Pressure de John Finnemore, série humoristique racontant les mésaventures de l'équipe d'un petit charter de ligne. Les acteurs articulent extrêmement bien et vous trouverez les scripts en ligne si vous avez encore besoin d'un petit coup de pouce... D'ailleurs, je vous laisse, je m'en vais tous les ré-écouter pour être à jour avant le double épisode final qui sera diffusé à Noël...


Si vous avez d'autres suggestions de films et de séries avec des accents intéressants, partagez-les en commentaires ! Please! I need more stuff to watch! :)



[Edit : En bonus, si vous êtes fan de Games of Thrones (si vous ne l'êtes pas encore, essayez !), voici un super article qui décortique tous les accents qu'on entend dans la série.]




Licence Creative CommonsLa photo ci-dessus est de thelearningcurvedotca. Elle est mise à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale - Partage dans les Mêmes Conditions 2.0 Générique.

jeudi 27 novembre 2014

Activité : L'équation de recherche façon puzzle




Je continue sur ma liste d'activités de pédagogie active, testées et approuvées ! Après Les Chimères, voici un autre jeu "clés en main", à utiliser pendant vos formations...

J'ai créé ce jeu en modifiant un autre jeu proposé par Andrew Walsh et Padma Inala. "The washing line strategy" permettait aux apprenants d'exprimer physiquement l'idée de recherche booléenne en épinglant des mots clés et des Booléens sur une ficelle (comme on accrocherait des vêtements à un fil à linge).
J'ai décidé d'aller plus loin en incluant d'autres items que l'on peut trouver dans une équation de recherche (des cartes vierges pour les mots-clés, des Booléens, certains codes de champs de PsycINFO - la base de donnée sur laquelle je fais la démonstration de recherche - et des parenthèses). J'ai laissé tombé la ficelle, qui me semblait superflue, et je me suis retrouvée avec des espèces de pièces de puzzle à remettre dans l'ordre - d'où le nom.

L'équation de recherche façon puzzle


Les règles du jeu

Les participants sont répartis deux par deux et je leur donne un petit sac contenant des pièces de puzzle plus une carte expliquant le jeu et leur donnant des requêtes imaginaires de demande d'information (vous les trouverez toutes les six - traduites exprès pour vous ! - dans le document téléchargeable au bas de cette page).
Ils doivent créer des équations de recherche à propos de cette requête, en utilisant les éléments de puzzle contenus dans le sac.
La formatrice passe d'une paire à l'autre pour vérifier s'ils ne sont pas trop perdus et les aider à corriger leurs erreurs.

Matériel requis

  • Des pièces de puzzle imprimées sur des cartons de couleur ;
  • Une carte d'explication par groupe, elle aussi imprimée sur du carton (et plastifiée si possible, histoire qu'elle dure plus longtemps) ;
  • Des sacs en plastiques (j'utilise des ziploc à fleurs...) pour que les petites pièces ne s'échappent pas !
Remarque : comme les étudiants peuvent écrire sur les pièce de puzzle "terme de recherche", il faut en ré-imprimer régulièrement.

Comment ça se passe

Dans le contexte de mes formations, le but final de ce jeu est de permettre aux étudiants de comprendre comment modifier eux-mêmes les équations de recherche dans une base de donnée bibliographique.
Du coup, il s'adresse à des étudiants ayant un niveau un peu avancé et pour lesquels il serait intéressant de comprendre comment créer des requêtes complexes.

J'ai fait plusieurs tests avec différentes classes et j'en conclus que ce jeu est à utiliser uniquement avec des étudiants maîtrisant déjà bien les bases de la recherche documentaire. Dans l'idéal, je le fais avec des groupes que j'ai déjà vus une première fois et avec lequel on a couvert les bases (notamment, comment utiliser des champs de recherche et les Booléens).

La grosse difficulté pour eux, c'est de comprendre comment marchent les parenthèses (enfin, si vous avez des matheux, ça devrait être plus facile, mais mes petits psychanalystes n'aiment vraiment pas ça !).
Mais c'est vraiment idéal d'aborder ce concept compliqué sans ordinateur, avec quelque chose de visuel et de ludique.

Ce qui prend le plus de temps, c'est de passer d'un groupe à l'autre pour ré-expliquer et corriger les petites erreurs. Du coup, si vous avez un deuxième collègue qui peut être sur le pont juste à ce moment-là, c'est l'idéal. Et on peut envoyer les étudiants plus "doués" aider les autres. En fonction du nombre de questions et de la taille du groupe, la durée du jeu peut beaucoup varier. Mais avec une classe de 10-12 étudiants assez dégourdis, ça dure environ 20 minutes.

Au final, j'ai eu de très bons retours sur cette activité. Mes étudiants ont aimé le côté intéractif et ludique. De plus, ils ont apprécié les petites histoires amusantes que j'ai inventées pour les "requêtes documentaires" et ils étaient curieux de voir celles que les autres groupes avaient eues.
Les seuls retours négatifs que j'ai eu provenaient d'un groupe pas encore assez "mûr". Il leur aurait fallu plus de temps avec des  activités plus simples pour bien renforcer les concepts basiques de la recherche documentaire avant de passer à celle-ci.

Fiche à télécharger

Enfin, je vous propose de télécharger ce fichier pdf si vous voulez utiliser ce jeu dans vos classes. Il contient les fiches explicatives avec les requêtes et les pièces de puzzle à imprimer et découper. Si besoin, n'hésitez pas à les recréer pour les modifier et les faire correspondre aux bases de données que vous utilisez !

Si vous l'utilisez, ça me ferait plaisir si vous m'envoyiez un message pour me dire comment ça s'est passé. Et n'hésitez pas à utiliser les commentaires si vous voulez plus d'explications !

mardi 4 novembre 2014

Activité : Les comportements de recherche



Choses promises, choses dues, voici la fiche complète d'une activité que j'ai utilisée en classe avec des étudiants et qui a pas mal marché.
Pour la créer, je me suis basée sur une idée trouvée dans le livre Active Learning Techniques for Librarians par Andrew Walsh et Padma Inala, dont j'avais déjà parlé ici.
Dans le jeu original, les auteurs utilisaient une liste de typologies de comportements décrits comme s'il s'agissait d'animaux (la pie est distraite par ce qui est nouveau, l'araignée n'utilise que ce qu'elle trouve sur la toile, etc.) pour lancer une discussion de classe sur les forces et les faiblesses de chaque comportement. Dans l'idéal, la conversation devrait les mener à donner des conseils sur la modification de leurs comportements et comment améliorer leur recherche documentaire.
J'ai décidé d'utiliser certaines des descriptions d'animaux proposées dans le livre mais j'a choisi de changer le "gameplay" pour pousser les étudiants à être créatif...

Les Chimères


Les règles du jeu

  • Les participants sont divisés en groupes de deux ou trois personnes.
  • On distribue à tous les groupes des fiches présentants les différents animaux, leurs supposés "comportements de recherche d'information" et une image (j'ai trouvé la plupart des images sur Wikimedia).
  • Les participants doivent choisir trois animaux représentant, d'après eux, les meilleurs caractéristiques à avoir pour faire une recherche documentaire.
  • Ils découpent un tiers du dessin de chaque animal et le collent sur un patron qui leur a été distribué. Tout autour, ils écrivent le nom de chaque animal et pourquoi ils l'ont choisi. Enfin, ils inventent un nom pour leur nouvelle créature mythologique...
  • À la fin, on fait un bref tour de table pour voir les créations des autres et parler de leurs choix.

Matériel requis

  • Des fiches animaux, patrons et explications, imprimés par vos soin sur l'imprimante de la bibliothèque.
  • De la colle et une paire de ciseaux pour chaque groupe.

Et ça marche ?

J'utilise ce jeu pour briser la glace au début d'une session à propos de la recherche documentaire. Il faut néanmoins garder à l'esprit que ça prend du temps (entre les explications, l'exécution et le debriefing, ça fait bien 15 minutes) donc on ne peut pas le faire sur une séance trop courte !

Je commence par présenter chaque animal / comportement au tableau avant d'expliquer le jeu. Il faut parfois répéter plusieurs fois que le but est de chercher les meilleurs caractéristiques possibles pour créer une chimère qui sera la meilleure possible d'un point de vue de la recherche documentaire.
Le fait est que même les étudiants de doctorat a-do-rent l'idée de faire du découpage comme des gamins. Je crois que, parmi tous ceux que j'ai essayés, c'est l'un des jeux qui a le plus de succès juste pour ça ! 
Mais en plus, il permet aux étudiants de réfléchir sur leurs propres comportements de recherche et comment ils pourraient les améliorer. Et ça reste. Pas plus tard qu'hier, j'ai reçu un message d'une étudiante avec qui j'avais fait le jeu en juillet et qui me demandait un rendez-vous pour l'aider à améliorer son comportement de recherche documentaire... Ça ne m'était jamais arrivé avant d'utiliser ce jeu !

Enfin, ce qui me gênait avec le jeu original, c'est que la discussion commence un peu abruptement. De ce que j'ai pu voir, c'est infiniment plus facile de faire parler les étudiants s'ils ont d'abord échangé entre eux en petits groupes, et c'est ce que permet ma version. Mais de ce fait, ensuite, le debriefing peut durer pas mal de temps s'ils ont beaucoup de choses à dire ! Du coup, c'est pas mal de se laisser un peu de marge et de ne pas être trop ambitieux sur le nombre de choses à voir au cours du reste de la séance...

Fiche à télécharger

Enfin, je vous propose de télécharger ce fichier pdf si vous voulez utiliser ce jeu dans vos classes. Il contient les fiches animaux, les explications et le patron à distribuer aux élèves.
J'ai repris les descriptions proposées par Walsh et Inala en les modifiant un peu. Et j'ai tout traduit en français juste pour vous !
Si vous l'utilisez, ça me ferait plaisir si vous m'envoyiez un message pour me dire comment ça s'est passé et me montrer les productions de vos étudiants !

D'ailleurs, voici un exemple de ce que ça peut donner...


lundi 27 octobre 2014

3 ans déjà !



Ça fait très exactement aujourd'hui trois ans que j'ai ouvert ce blog. C'était un soir d'octobre, je venais de commencer un nouveau travail à Paris, loin de mes racines grenobloises et encore remuée par le stress post-traumatique des concours.
Au cours de ces trois années, je me suis débattue pour assumer ma nouvelle identité de bibliothécaire, j'ai fini par m'habituer à la vie parisienne, j'ai décidé d'émigrer en Grande-Bretagne et j'ai découvert le métier de formatrice (en bibliothèque bien sûr) et la vie sur Londres.
Ce blog m'a accompagné dans tous ces changements identitaires et professionnels (parce que, comme bien des gens, je m'identifie très fortement à mon métier), et j'y tiens plus que je ne saurais dire. Il y a eu de grands trous pendant lesquels je n'ai pas écrits, et il y en aura très certainement encore. Parce que parfois, c'est dur de trouver un bon sujet. Parce que l'inspiration. Parce que la vie. Mais une chose est sûre : j'espère continuer à écrire dans ce petit journal virtuel encore longtemps.

Alors, pour fêter cet anniversaire, je voulais vous proposer de revisiter quelques uns de mes billets les plus populaires. En voici la liste, en commençant par celui qui, de loin, a été le plus lu :

1/ Faut-il encore des bibliothécaires ?
Il s'agit de mon tout premier résumé de conférence. C'était au salon du livre en 2012 et la conversation entre Anne-Marie Bertrand, Dominique Parot et Marie-Christine Pascal était animée par Christophe Pavlidès. Ils avaient notamment parlé des bénévoles et des autres corps de métiers que l'on peut trouver dans nos bibliothèques.

Ce billet-ci, je l'ai publié juste après le précédent, pour raconter ma réaction lorsque je me suis retrouvée dans la salle de conférence absolument bondée... et composée à 95% de femmes. Sauf sur l'estrade bien sûr. Sur scène il y avait quatre personnes dont deux hommes. Comme c'est étrange...
À l'époque, je me débattais avec l'idée de faire "un métier de fille". Je dois avouer que ça ne m'est pas encore tout à fait passé. Et ça reste l'un de mes billets préférés.

Encore un résumé de conférence, mais issu du salon de Montreuil cette fois. Les intervenants (Pascale Lapierre, Jean-Pierre Siméon, Philippe Meirieu, Lucie Placin, Robert Rui et Alain Serres) étaient absolument brillants, engagés, réfléchis. J'en garde un souvenir tout émerveillé.
Allé, une petite citation : 
"Dans ce contexte de crise, la culture est-elle nécessaire ? C’est aux poètes qu’il faut poser sérieusement les questions politiques. [...] La poésie, c’est l’éthique dont la politique a perdu le sens."

Je ne fais plus de catalogage, mais je suis toujours aussi névrosée... Combien de bibliothécaires trient comme moi compulsivement chaque aspect de leur vie ? Faut-il être névrosé pour devenir catalogueur ou la névrose se développe-t-elle en cataloguant ? Et peut-on être sauvée par ce travail maniaque ?

Le dernier billet de cette liste est beaucoup plus récent que les autres. Je l'ai composé cet été pour refléter ce que j'avais appris sur l'active learning et que je commençais tout juste à mettre application dans mes formations. Ces derniers mois, j'ai continué sur cette voie et je reste persuadée qu'il s'agit en effet de la meilleure façon de s'y prendre. Pour preuve : je vais continuer à vous en rebattre les oreilles très bientôt, avec des exemples d'activités in vivo à utiliser dans vos propres formations... Stay tuned!


Enfin, je voulais lancer de tout mon coeur un grand merci à chaque personne qui prend le temps de me lire ici de temps en temps. Car c'est bien là toute l'idée d'un journal ouvert aux grands vents de l'Internet. Merci d'être passé par ici. Merci de m'avoir donné un peu de votre temps. Merci !





dimanche 12 octobre 2014

Veille - Outils de présentation et Information Literacy



Une fois n'est pas coutume, voici un mini-billet de veille contenant quelques liens que j'ai trouvé intéressants au cours de la semaine passée. (Tous les liens sont Britanniques : anglophobes s'abstenir !)


  • Tout au long de la semaine, Ned Potter (vous vous souvenez ? J'avais traduit un article de lui il n'y a pas longtemps) a présenté différents outils pour améliorer nos présentations.
    Au programme :
    • De belles polices de caractères avec FontSquirrel ;
    • Alternative à PowerPoint numéro 1 : Haïku Deck (je l'utilise très souvent pour télécharger de belles images pour mes PowerPoints, déjà adaptées à la taille de la diapo et avec un bandeau mentionnant la source en bas : parfait !) ;
    • Alternative à PowerPoint numéro 2 : Canva (personnellement, les limitations de la version gratuite m'agacent, j'ai arrêté de l'utiliser complètement) ;
    • Une utilisation détournée de Prezi pour faire des diapositives normales en PDF ;
    • Et enfin, mon préféré : des outils d'association et de recherche par couleur pour des diapositives plus harmonieuses.
  • Le LILAC (Librarian's Information Literacy Annual Conference) est une conférence qui a lieu tous les ans au Royaume-Uni autour du thème de l' "information literacy". La prochaine édition aura lieu en avril, à Newcastle, et l'appel à texte est déjà ouvert.
    Vous pouvez jeter un oeil aux présentations des précédentes éditions dans les archives du site.




Photo de Will Montague trouvée via HaikuDeck.
Cette photo est mise à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale 3.0 non transposé.

lundi 29 septembre 2014

10 conseils pour mettre à profit une séance unique

Cet article est une traduction de 10 Tips for Making the Most of a One-Shot Session d'Amanda Hovious.
Tous les liens dans le texte mènent à des ressources en anglais.

C'est la rentrée ! Vous avez probablement entamé l'année avec de nombreuses formations et présentations de la bibliothèque, et la plupart de ces formations tombent sûrement dans la catégorie des séances uniques. Nous connaissons tou.te.s les limitations de ces séances uniques - peu importe à quel point la formation a été préparée, on ne peut pas tout faire en une heure de cours. Donc aujourd'hui, je partage dix conseils pour vous aider à faire en sorte que vos étudiants en apprennent le plus possible en une seule séance. Les voici :

1) Préparez vos apprenants. Entrer sans introduction dans une classe pleine d'étudiants qui ne s'attendent pas à être formés à la recherche documentaire, qui ont oublié, ou qui n'ont aucune idée de l'intérêt que ça peut avoir, c'est s'exposer au désastre et presque garantir que presque rien ne sera appris au cours de la séance. Prévenez les étudiants à l'avance (ne vous contentez pas de vous reposer sur leur professeur) de ce que vous allez leur apprendre et en quoi c'est intéressant vis-à-vis de leur études. Il y a plusieurs manières de s'y prendre. Voici quelques idées : faites une annonce sur la page du cours, créez un message vidéo qu'un de leurs profs pourra leur passer avant votre séance, ou venez en classe la semaine précédente pour vous présenter brièvement. Votre imagination est la seule limite sur ce point.

2) Oubliez les suppositions, passez à l'évaluation. Nous faisons tous des suppositions concernant ce que les étudiants savent ou ne savent pas. Les enseignants le font. Les bibliothécaires le font. Il est temps d'arrêter ! Les suppositions sont probablement la plus grosse barrière à l'apprentissage que l'on puisse créer quand on parle de séances uniques parce que l'on peut se retrouver avec deux types de résultats : 1) les étudiants n'apprennent rien car il leur manquait des pré-requis qu'ils étaient supposés avoir OU 2) les étudiants n'apprennent rien car ils connaissaient déjà les concepts et les compétences enseignées.
Pour éviter ça, la solution la plus simple est d'évaluer les étudiants, de préférence avant la séance. Nul besoin d'être formel : un simple questionnaire devrait suffire. Et plutôt qu'évaluer des compétences abstraites, évaluez l'expérience. Combien de dissertations ont-ils écrit ? À quel point les bases de données leur sont-elles familières ? Comprennent-ils les attentes de la recherche académique ? Si vous avez une classe pleine d'étudiants qui ont peu ou pas d'expérience dans l'écriture de dissertations académiques, se lancer dans l'utilisation des bases de données ou l'évaluation des sources ne sera pas une expérience d'apprentissage vraiment utile. Il leur faut démarrer par une orientation sur le processus de recherche, comment choisir un sujet, le restreindre et identifier leurs besoins informationnels.

3) Soyez flexible. Ce point se joint au point numéro 2. Vous vous êtes donc préparé à enseigner à des étudiants comment trouver des articles dans des bases de données, mais après évaluation vous avez découvert qu'ils n'ont même pas encore choisi leurs sujets. Il est temps de faire preuve de flexibilité car, quand vous allez entrer dans la salle de classe, vous allez devoir faire machine arrière et travailler avec eux sur l'exploration des sujets et identifier leurs besoins informationnels (mais vous pouvez tout de même y intégrer un mot sur les bases de données). Je pense que la façon la plus facile de faire ça est de penser de façon modulaire, chaque module représentant une compétence ou un concept discret. Si vous gardez en tête la modularité quand vous développez vos documents pédagogiques, vous pourrez sortir n'importe quel tour de votre chapeau à la demande. Vous serez toujours préparés pour enseigner aux étudiants ce dont ils ont besoin.

4) Less is more. Si vous lancez 1000 concepts aux étudiants, combien vont-ils en mémoriser ? Probablement aucun. Trop de contenu mène à une surchage cognitive. Concentrez-vous sur un nombre limité de concepts ou de compétences et vos étudiants en retiendront bien plus. Jetez un oeil à mon post sur la "Règle de un" pour les séances uniques. Cette règle reflète une approche modulaire de l'instruction.

5) Ayez une approche multimodale. La présentation multimodale d'informations signifie que vous présentez la même information sur plus d'un mode (par exemple visuel, auditif, tactile). Cela peut vous rappeler les styles d'apprentissage mais ce n'est pas tout à fait ça. Le but d'une présentation multimodale n'est pas un enseignement à l'attention de divers styles d'apprentissage (les styles d'apprentissage sont plus un mythe qu'une réalité). Il s'agit plutôt de réduire la charge cognitive et d'améliorer la compréhension. Personne n'apprend au maximum de ses capacités lorsqu'on ne fournit qu'un seul mode de présentation (bien que l'on puisse avoir des préférences). Tout le monde bénéficie d'une présentation multimodale. Gardez cela à l'esprit lorsque vous développez vos matériels pédagogiques et activités. Par exemple, vous pouvez présenter le concept des sources primaires et secondaires avec des exemples de la vie réelle (tactile) et une vidéo Youtube (audiovisuel).

6) Essayez le modèle de l'atelier. Le modèle de l'atelier est une approche qui est beaucoup utilisée aux États-Unis pour enseigner les compétences de langue - et parfois les maths - au primaire et au secondaire. Je pense qu'il s'agit d'une approche idéale pour les séances uniques car cela permet de planifier l'apprentissage en s'appuyant sur une limite temporelle définie. Le modèle de l'atelier a quatre composantes primaires : l'ouverture, la mini-leçon, le temps de travail et le débriefing. L'ouverture (environ 5 minutes) permet de définir les attentes et d'identifier les objectifs de la session. La mini-leçon (10 à 15 minutes) est la composante directe d'enseignement et peut inclure une démonstration et/ou un petit cours. Le temps de travail (environ 30 minutes) est la composante où les étudiants pratiquent ce qui a été enseigné pendant la mini-leçon. Le niveau de supervision peut varier au cours de cette période, en fonction des besoins des étudiants. Le débriefing (10 à 15 minutes) permet aux étudiants de réfléchir sur leur travail. Qu'ont-ils appris ? Quelles questions ont-ils encore ?

7) Utilisez des exemples pratiques. Les exemples pratiques ("worked examples") sont des supports d'enseignement incroyables. Vous les avez probablement déjà rencontrés en maths, mais je pense qu'ils servent une fonction importante dans l'apprentissage de la recherche documentaire. Afin que les étudiants deviennent de bons chercheurs et de bons auteurs, ils doivent voir ce que "bon" veut dire. C'est là que viennent les exemples pratiques. Un exemple pratique d'une dissertation dans un contexte de formation à la recherche documentaire devrait inclure des annotations de la bibliographie et des citations dans le texte. Pourquoi cette source a-t-elle été choisie ? Comment a-t-elle été trouvée ? Pourquoi a-t-il fallu la citer à des endroits spécifiques ? Encore mieux, créez un exemple pratique intéractif où les items annotés sont des liens menant à des boîtes pop-ups contenant plus d'informations. Les pop-ups permettent de désencombrer l'espace visuel et de réduire la charge cognitive.

8) Faîtes des liens avec la vie réelle. Tous les étudiants ne sont pas de futurs enseignants-chercheurs en devenir. La plupart ne le sont pas. La plupart n'aiment pas le processus de recherche académique. Mais un jour ils utiliseront leurs compétences d'information literacy d'une manière ou d'une autre. Ils ont donc besoin de savoir comment transférer ces connaissances au-delà du domaine académique. C'est pourquoi faire des liens avec la vie réelle est vital pour la formation à la recherche documentaire. Mais comment faire des liens entre la recherche et la vie réelle lorsque l'on est dans une salle de classe, au sein d'un campus, au milieu de nulle part ? En utilisant l'apprentissage par problèmes lié à leur carrière ou à leur vie future (ils ont besoin de savoir transférer les compétences au-delà de l'école, donc faites en sorte que les cas reflètent des évènements futurs). Si les étudiants travaillent déjà sur une dissertation, mieux vaut se concentrer là-dessus. Néanmoins, savoir faire des liens entre l'apprentissage à l'école et l'apprentissage tout au long de la vie est une compétence essentielle au XXIème siècle. Les bibliothèques devraient donc considérer l'intégration de ce type d'apprentissage par problèmes dans les formations qu'elles donnent aux étudiants de première année par exemple.

9) Incitez à l'utilisation de la bibliothèque. Rien n'est plus exaspérant que les étudiants qui sont fiers d'admettre qu'ils n'ont jamais mis un pied à la bibliothèque. Ils devraient être embarrassés. La réussite à l'école nécessite d'utiliser la bibliothèque. Et les lecteurs réguliers réussissent probablement bien mieux après l'université (je ne sais pas si c'est vrai, mais ça me paraît bien). Comment faire en sorte que les étudiants que l'on voit lors de séances uniques se mettent à fréquenter la bibliothèques ? Tous les moyens sont bons. Des points en plus, si l'enseignant est d'accord. De la nourriture. Des prix. Voire un programme de badges numériques s'il est bien développé. Le plus important étant que les étudiants viennent à la bibliothèque après leur session et créent des liens avec les bibliothécaires.

10) Le suivi. Combien de formations avez-vous donné après laquelle vous avez perdu la trace des étudiants ? Où vous n'avez pas recontacté l'enseignant afin de découvrir comment les étudiants s'en étaient sorti dans leurs examens ? Le suivi est aussi important que la préparation de l'apprenant (point numéro 1). Les questionnaires avec des questions en lien avec la formation peuvent être utiles, mais le suivi en personne avec l'enseignant vous donnera probablement des informations ayant plus de valeur et vous aidera à améliorer vos prochaines formations.

lundi 22 septembre 2014

Former à la recherche documentaire sans ordinateur... Ou presque !



J'ai la chance de travailler dans une institution qui possède un public relativement divers. Dans les faits, nombreux de mes étudiants suivent leurs études à temps partiel et sont insérés dans la vie active depuis de nombreuses années.
Avec eux, le problème que je rencontre le plus, c'est une "computer literacy", une maîtrise de l'outil informatique, relativement faible, qui les empêche d'utiliser au mieux les ressources documentaires à leur disposition. Et comme je n'ai pas la possibilité de les aider à se mettre à niveau directement, il faut parfois savoir être créatif...
Voici les méthodes et les "trucs" que j'utilise pour prendre en compte leurs besoins lors de mes formations, en sept points.

Savoir à qui on s'adresse. J'envoie systématiquement un questionnaire la semaine avant la formation afin d'évaluer le niveau des étudiants. Je ne leur demande pas ce qu'ils savent faire (do you know how to...? > yes/no/I'm not sure) mais quel est leur état de confiance vis-à-vis des différents outils (how do you feel about...? > Very confident / confident / not really confident / what is that?)

Faire des groupes de niveau. Si c'est possible, diviser les étudiants en groupes de niveau c'est tellement tellement mieux !
Leur demander de se répartir eux-mêmes entre trois groupes de niveau peut marcher assez bien. Sinon, je les répartis d'autorité en fonction de leurs réponses à mon questionnaire.
Ainsi, si j'arrive à isoler les étudiants de "niveau faible", ça me permet de commencer par passer du temps avec eux pour vérifier qu'ils savent bien utiliser Firefox (oui, oui...) et trouver le site de la bibliothèque avant de passer à quoi que ce soit d'autre.
Avec les autres groupes, je vais pouvoir avancer plus vite et voir plus de choses.

Visualiser sans le stress de l'outil. Le truc important que j'essaie de transmettre à mes étudiants, ce n'est pas forcément la technique d'utilisation d'un outil (ça en fait partie mais c'est loin d'être le premier point sur ma liste), mais la méthode qu'il y a derrière. C'est là que sont les compétences transférables qui leur permettront non seulement de savoir utiliser cette base de données en particulier, mais de savoir utiliser toutes les bases de données similaires (par exemple).

Du coup, si on se détache d'un outil particulier pour aller vers les concepts abstraits qui sont derrière, on peut s'éloigner des supports informatiques pour jouer avec des matériaux plus physiques. Avec des schémas et autres documents pédagogiques, ou avec des activités à faire "avec les mains" plutôt que sur ordinateur.
Et ça, c'est très bon quand on s'adresse à des personnes qui sont extrêmement stressées par l'utilisation d'outils informatiques. Cela permet de parler calmement d'un concept en particulier et de s'assurer qu'elles ont bien compris les bases avant de mettre le tout en application sur ordinateur.
Autre utilité : pour faire cours dans une salle non informatisée, où les étudiants ne vont pas pouvoir tester l'outil immédiatement. Ça permet de s'assurer qu'ils ont au moins saisi les concepts.
Et ça marche même avec les plus débrouillards qui n'auraient théoriquement pas besoin de cette béquille pour saisir comment écrire une équation de recherche par exemple. Dans mes questionnaires de feedback, les petites activités manuelles que je propose sont toujours ce qu'ils ont préféré dans la séance.

Dans les faits, qu'est-ce que ça donne ? Et bien des fiches d'activités comme le Good Search / Bad Search ou un jeu en groupe comme celui de la "Recette" ; je vous les avais présentés tout les deux dans mon article sur les pédagogies actives.
Ça peut aussi être de véritables petits jeux de société inventés pour l'occasion afin d'illustrer un concept, des puzzles, des activités se rapprochant plus des travaux manuels... J'en ai quelques exemples sous le coude en ce moment ; je vous les présenterais quand je les aurais testés sur mes étudiants.

Savoir prendre son temps. D'après les commentaires que je reçois dans mes formulaires de feedback, même quand je mets pas mal d'activités simples dans une session, les étudiants pensent toujours que la leçon allait à la bonne allure. Du coup, mieux vaut aller le plus doucement possible et les faire jouer avec les concepts au cours d'activités pédagogiques plutôt que de se précipiter pour essayer de voir le plus de choses possible en un temps record : ce n'est jamais du temps de perdu.

Revenir enfin à l'outil. À un moment ou à un autre, il faut bien lâcher ses petits papiers et revenir vers l'écran d'ordinateur.

Si j'ai affaire à un groupe de faible niveau assez homogène, on va aller très doucement et voir assez peu de choses. L'idée est de ne surtout pas les noyer, mais de les mettre suffisamment en confiance pour être sûre qu'ils sauront reproduire avec confiance les quelques étapes simples que je vais leur montrer.
Je montre chaque étape une part une et j'attends bien que tout le monde ait réussi à la reproduire sur son pc, même pour les trucs les plus élémentaires comme cliquer sur un bouton...

Si je n'ai pas pu diviser la classe en groupes de niveau, je demande à une collègue de venir m'aider et elle peut vérifier que tout le monde suit et aider les retardataires pendant que je présente des fonctionnalités plus avancées.

Des photocopies, rien que des photocopies. 
Quelle est l'utilité d'avoir des documents pédagogiques uniquement en ligne si les étudiants ont du mal à y accéder ? Pour les "computer literate", la question ne se pose pas. Mais pour les autres je suis devenue une adepte du bon vieux polycopié.
J'ai toujours de meilleurs retours quand je distribue les supports à l'ancienne. Bien entendu, je mets aussi tout en ligne et je leur envoie un email avec les liens juste après la formation.

Autre exemple : quand mon formulaire de feedback était en ligne, je n'avais environ que 25% de réponses. Maintenant, j'en distribue une copie imprimée qu'ils remplissent avant de partir et j'ai un taux de réponses de 100% !
Certes, c'est mauvais pour les arbres... Mais je n'ai pas encore trouvé de meilleure alternative.

Un dernier point :
Former les formateurs. Je propose systématiquement aux professeurs d'assister à la formation avec leurs étudiants : souvent, ils en ont plus besoin qu'eux ! En particulier ceux qui rechignent à me donner du temps pour passer dans leur classe : c'est souvent qu'ils n'ont pas idée de tout les savoir-faire que nous pouvons leur apporter. Et parfois leur "computer literacy" laisse elle aussi à désirer...
Et à ceux qui n'ont pas pu venir, je propose de venir les former en seul-à-seul directement dans leur bureau. Ils ne m'échapperont pas !


La photo ci-dessus est de Phil Gyford. Elle est mise à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale - Pas de Modification 2.0 Générique.

mardi 16 septembre 2014

La London Library

Cette année, j'ai visité pas mal de bibliothèque londoniennes, en partie pour pouvoir les ajouter au portfolio de mon Chartership, et surtout parce que certaines branches du Cilip organisent régulièrement des visites de diverses bibliothèques ce qui permet d'assouvir sa curiosité bibliothéconomique très facilement !
Mais de toutes celles que j'ai visitées, celle qui m'a le plus marqué c'est de loin la London Library. Si vous avez l'occasion de passer sur Londres, profitez donc des visites gratuites qu'ils organisent tous les lundis, ça vaut le détour !
Mais commençons par le commencement...


Création

La London Library a été fondée par Thomas Carlyle en 1841. Il n'aimait pas la British Library, qu'il trouvait trop bruyante et il n'aimait pas avoir à passer par les bibliothécaires pour pouvoir accéder aux livres. Il a donc décidé de créer une bibliothèque où l'on se sentirait comme à la maison, ou peut-être plutôt comme dans un club.


Le bureau d'accueil en 1935. Crédit photo : Sylvia Lewes

Les collections

Aujourd'hui, les collections de la London Library comptent plus d'un million de livres. Ils ne sont jamais désherbés, sauf les doublons des livres non-populaires. Environ 70% des collections ont été entrées dans leur OPAC mais le reste attends son tour pour être catalogué rétrospectivement. Du coup, les registres papiers (tapés à la machine ou écrits à la main !) doivent encore être utilisés.
Le premier bibliothécaire a inventé un système de classification spécifique pour la bibliothèque. Il est organisé alphabétiquement par sujets, afin d'être plus facile d'utilisation pour les non-bibliothécaires et d'encourager la sérendipité en mettant côte à côte des livres de sujets très différents.

Les collections se concentrent sur les humanités, en particulier la litérature, l'histoire et l'art. Les collections en français, allemand, italien, espagnol et russe sont aussi particulièrement importantes.

La collection de monographie inclut des livres datant du XVIème siècle à nos jours. Environ 8 000 titres sont ajoutés aux collections chaque année, ce qui oblige la bibliothèque à rajouter environ 800 mètres de rayonnages supplémentaires tous les trois ans. Cette expansion combinée à l'absence de désherbage explique pour la bibliothèque a dû beaucoup s'agrandir depuis le début de son existence. On en est au point où elle occupe tout un pâté de maisons au plein centre de Londres. Avec la récente addition de la maison de T.S. Eliot (qui était adjacente à la bibliothèque), ils estiment avoir assez de place pour les 25 prochaines années. Après ça, il leur faudra construire des extensions au-dessus des bâtiments actuels.

Dans la "Times room", la London Library possède une collection de toutes les éditions du Times depuis son ouverture. Elle possède plus de 750 titres dans sa collection de périodiques vivants et possède 2 500 titres de plus pour ses périodiques morts, certains remontant au XVIIIème siècle.
De plus, la bibliothèque souscrit à plus de 200 journaux en ligne et propose à ses membres un accès à JSTOR.

Les acquisitions (pour les périodiques comme pour les monographies) sont faites sur demande des membres et pour compléter certains trous dans les collections. La bibliothèque reçoit aussi de nombreuses donations de membres vivants ou décédés.

Les rayonnages dans le bâtiment le plus ancien.
Crédit Photo : Christopher Simon Sykes

Les Services

97% des collections sont en libre accès, ce qui signifie que d'innombrables étages de rayonnages et salles d'archives sont librement accessibles à ses membres. Toutes les étagères sont suffisamment basses pour être accessibles par la plupart sans aide. 
Une particularité intéressante vient du système d'aération, inventé pendant la construction du bâtiment victorien le plus ancien : pour laisser passer l'air librement, les sols des archives sont des espèces de grilles en fer forgé (vous pouvez les apercevoir dans la photo ci-dessus), ce qui permet de voir à travers les nombreux étages du bâtiment.

Des bureaux et des chaises sont dispersés un peu partout dans la bibliothèque, mais il y a aussi des salles d'étude dont une complètement silencieuse où les ordinateurs portables sont interdits et où un silence strict doit être respecté.
De nombreux membres utilisent la bibliothèque comme leur bureau, venant chaque jour à heure fixe et utilisant toujours le même espace de travail. Les écrivains apprécieraient particulièrement de se sentir ainsi un peu moins seul dans leur travail solitaire.


L'une des salles de lecture. Crédit Photo : Philip Vile

Les membres vivant à moins de 30 km de la bibliothèques peuvent emprunter 10 documents. Ceux qui vivent plus loin peuvent en emprunter 15. Il est possible d'emprunter jusqu'à 40 documents moyennant paiement d'un extra. La période de prêt normale est de deux mois mais peut être pronlongée indéfiniment tant que le document n'a pas été réservé par un autre membre.

Les sacs d'une taille supérieure à une feuille A4 et de la profondeur d'un livre relié doivent être laissés dans des casiers du hall d'entrée. Des sacs plastiques sont distribués aux membres pour qu'ils puissent transporter quelques objets indispensables dans la bibliothèque.


Ses membres

Vu qu'elle est complètement indépendante, l'existence de la London Library dépend entièrement des droits d'inscriptions payés par ses membres, des dons et des collectes de fonds, ainsi que de la gestion prudente de ses ressources. Elle ne reçoit aucune subvention du gouvernement.
La bibliothèque a connu un grand nombre de membres célèbres qui ont joué un rôle central dans la vie intellectuelle du Royaume-Uni (Agatha Christie, Charles Darwin, Charles Dickens, Virginia Woolf, Arthur Conan Doyle, T.S. Eliot, Winston Churchill,...). Pendant longtemps, l'inscription était réservée aux hommes mais la bibliothèque se vante désormais d'être ouverte à tous.
Dans les faits, l'inscription annuelle vaut £475 (environ 600€). Elle est payable mensuellement et un taux à 50% est proposé aux jeunes de 16 à 24 ans. Elle propose aussi un système d'aide pour les futurs membres n'ayant pas les moyens de payer la totalité de l'inscription annuelle, permettant de couvrir 30 à 60% des frais d'inscription.

Un lecteur, en 1935. Crédit Photo : Sylvia Lewes

Mon opinion

La London Library se présente comme une bibliothèque d'étude fantastique, centrée sur le confort de ses membres (avec sa salle silencieuse, sa politique de libre accès aux collections, ses périodes de prêt infiniment extensibles). La liste de ses membres et de ses présidents est vraiment impressionnante et des bâtiments eux-mêmes émane un parfum d'histoire et de littérature. Elle est vraiment superbe et surprenante (les différents architectes qui ont travaillé sur ses bâtiments ont fait un excellent travail), et ses collections sont incroyables.

Mais autant j'aimerais l'utiliser en tant que lectrice, autant elle m'apparaît professionnellement peu attrayante. Je pense particulièrement à la perspective décourageante de l'immense catalogage rétrospectif qui doit encore y être mené, et sa politique stricte de non-désherbage. Si elle continue sur cette voie, la London Library peut s'attendre à être confrontée à de sérieux problèmes structurels dus au manque d'espace pour accueillir ses collections envahissantes.


Toutes les photos de ce billet proviennent du site de la London Library et sont protégées par copyright. Vous pouvez retrouver ici les photos historiques et ici les photos actuelles.

mardi 9 septembre 2014

Rentrée universitaire et accueil des nouveaux publics

C'est la rentrée ! Je ne sais pas ce qu'il en est de par chez vous, mais de mon côté j'ai passé l'été à préparer l'accueil que nous allons donner à nos nouveaux étudiants quand ils vont débarquer à la mi-septembre. C'est donc l'occasion de faire le point sur les différentes méthodes qui peuvent être utilisées pour transmettre aux nouveaux publics les informations qui leurs seront nécessaires pour utiliser au mieux nos services.

La visite, toujours reine

Si on en a les moyens humains, faire visiter directement les locaux par de petits groupes au cours des journées de rentrée, reste l'idéal. Ça combine le contact humain direct (on parle avec eux, ils peuvent poser des questions), et un contexte moins propice à l'endormissement que l'intervention en amphithéâtre...
Dans ma bibliothèque, c'est malheureusement impossible. D'une part, notre espace est si petit que c'en serait presque ridicule. D'autre part, nous n'avons tout simplement pas assez de personnel pour gérer à la fois inscriptions et potentielles visites.
Le problème c'est que les visites sont extrêmement chronophages et répétitives (les groupes doivent être suffisamment petits pour pouvoir se déplacer rapidement et sans faire trop de bruit, du coup on recommence dix fois par jour). De ce fait, ce n'est pas toujours possible à mettre en place par les bibliothécaires, ni insérable dans l'emploi du temps serré des étudiants.

La visite autonome

Elle est sur ma liste depuis des années mais je n'ai toujours pas trouvé l'occasion de la mettre en place. Ça marche bien dans des bibliothèques assez grandes et ça peut permettre d'être assez créatif ! L'idée c'est de donner aux étudiants un support (papier, podcast, application pour tablette, ...) qui va les inciter à faire le tour de la bibliothèque (éventuellement au moyen d'appâts comme des chocolats cachés dans les rayons... et la visite devient une chasse aux trésors !) et leur apprendre au passage ce qu'ils ont besoin de savoir sur le fonctionnement des lieux (avec des panneaux explicatifs, des QR codes menant vers de courtes vidéos ou des fichiers audios...).

L'un des ateliers auxquels j'ai assisté cette année faisait la démonstration de l'application de réalité augmentée Aurasma. Quand on capture une "image déclencheuse" (par exemple une image particulière affichée dans votre bibliothèque), cela ouvre automatiquement un lien ou un fichier (une vidéo par exemple). Ce serait idéal pour ce genre de visite autonome, en utilisant des tablettes prêtées par la bibliothèque ou les propres smartphones des étudiants (il leur serait juste nécessaire de télécharger l'application).

L'intervention en classe

Autre classique, le passage du bibliothécaire dans l'amphithéâtre au cours de la journée de rentrée. Le problème : on n'a généralement que quelques minutes et les étudiants sont tellement bombardés d'information qu'on peut s'attendre... à ce qu'ils ne retiennent absolument rien.
D'où l'idée de faire quelque chose d'un peu mémorable afin que, même s'ils ne se souviennent pas du règlement de prêt ou des heures d'ouvertures, ils aient un a priori positif vis-à-vis de la bibliothèque et des bibliothécaires, ce qui les rendra plus susceptibles de venir nous voir et nous poser des questions.

L'un des grands classiques, c'est la méthode céphalonienne. Inventée à Cardiff (d'où le nom), le principe est que, lorsque les étudiants entrent dans la salle, on distribue à quelques uns d'entre eux des fiches de couleurs avec des questions. Chaque couleur correspond à un thème (par exemple : le bâtiment, les conditions de prêt, les ressources en ligne...). Pendant la présentation, le bibliothécaire demande une question de couleur jaune par exemple, et attend qu'un élève se décide à poser sa question. On saute alors dans le PowerPoint jusqu'à la diapositive présentant la réponse à cette question, puis on passe à la suivante, etc., jusqu'à ce que toutes les diapositives aient été couvertes.
Une collègue britannique a inventé une variante : au lieu de distribuer des fiches questions, elle a créé un gros dé en carton et elle demande à des volontaires de jeter le dé puis de lire la question apparue sur la face supérieure. Seul problème : on peut tomber plusieurs fois sur la même face et il faut alors relancer. De plus, si vous ne voulez pas vous lancer dans un exercice de géométrie trop complexe, il va vous falloir vous limiter à six questions.

De mon côté, j'ai envie de jouer au library Bingo avec mes étudiants. Deux possibilités : soit on leur distribue des cartes avec une grille de bingo sur laquelle, à la place des chiffres, on trouve des logos d'outils en relation avec la bibliothèque. Puis on lance la présentation (comme ce Prezi de Zoe Thomas) et le premier à avoir vu tous les logos de sa carte gagne.
Soit, on invite les étudiants à créer leur propre carte de bingo en leur demandant par exemple d'écrire six ressources qu'on peut retrouver dans la bibliothèque. Puis on fait apparaître une liste des ressources qui s'y trouvent effectivement (en commençant par les moins évidentes...) et le premier à avoir coché toutes les ressources de sa carte a gagné. 
Dans un cas comme dans l'autre, on explique au fur et à mesure la signification des logos / comment accéder aux diverses ressources. L'investissement matériel est minimum : des cartes de bingo imprimées par vos soins plus un powerpoint. Et le public reste attentif car il veut savoir si le prochain item sera sur sa carte. Apparemment ça marche encore mieux s'il y a un petit quelque chose à gagner...

L'induction en ligne

Enfin, une dernière possibilité serait une introduction à la bibliothèque entièrement en ligne. C'est un bon moyen de réduire l'anxiété de ceux qui se sentent intimidés à l'idée d'entrer dans une bibliothèque (si, si, il paraît que ça existe) et surtout d'atteindre tous ceux que nous n'aurions pas eu l'occasion de rencontrer sur place, par manque de temps, du fait de la complexité des universités multi-sites, les étudiants faisant leurs études à distance ou pour les personnes en situation de handicap.
Il peut s'agir d'une visite guidée virtuelle, en photos ou avec des vidéos associées aux différentes salles, un peu comme cette visite virtuelle de l'université de Gloucestershire.
Mais plus que des lieux, nous allons aussi chercher à présenter des services. Là encore, les possibilités sont infinies, de la présentation prezi aux vidéos (voici deux exemples anglo-saxons).
L'idéal serait de multiplier les supports afin de permettre aux futurs lecteurs d'aborder la présentation de la manière qui leur est la plus confortable.
Personnellement, je travaille à préparer quelques vidéos afin de toucher les étudiants que je ne pourrais pas voir directement (certains groupes ont un emploi du temps ultra serré) tout en mettant en place des sections de notre Moodle spécifiquement à leur intention.

Et vous, qu'avez-vous prévu pour accueillir vos étudiants cette année ?

lundi 1 septembre 2014

10 astuces pour les formateurs et les enseignants

Entamons septembre du bon pied avec une traduction de l'article 10 Tiny Tips for Trainers & Teachers de Ned Potter. Si vous lisez suffisamment bien l'anglais, je vous encourage à suivre son blog. Il est orienté sur la communication en bibliothèque et c'est toujours une lecture très intéressante.


Je donne beaucoup de formations ces temps-ci, à la fois pour mon travail principal et pour pour travail en freelance. J'ai donc amassé quelques petites astuces en chemin. Rien de stupéfiant - mais si vous donnez des formations ou des classes de maîtrise de l'information [NDLT : qui a une meilleure traduction pour "information literacy" ?], peut-être certaines d'entre elles vous seront utiles.
Voici la version courte et visuelle [en anglais] - et j'irais plus en détail ci-dessous.




Structure de la Session


1. Commencez par quelque chose de pratique. Parfois, on ne peut pas échapper à une grosse partie théorique ou conceptuelle. Mais si c'est le cas, dans la mesure du possible, faites en le deuxième point sur votre itinéraire pour la journée / l'heure - et commencez par quelque chose de pratique. Entamer la session avec quelque chose à FAIRE réveille tout le monde, et lance la séance sur quelque chose de tangible plutôt qu'abstrait. Cela transforme aussi tout le monde en participants actifs dès le début. 

2. Permettez à chacun de recharger ses batteries. Une journée d'atelier devrait avoir des pauses café intégrées. Mais même une formation d'une heure peut-être pénible. Insérer une pause de 3 minutes afin que les participants décrochent, discutent entre eux, se relaxent, les aidera à se concentrer pour la seconde partie de la session et augmentera leur niveau d'énergie sur toute la ligne. Une pause dix minutes après le début d'une session d'une heure marche remarquablement bien - et étonnamment mieux qu'à mi-parcours ou plus tard dans la session.

3. Résumez la session via un Challenge de Diapos Aléatoires (aussi connu sous le nom de Battle Decks). J'adore les challenges de diapos aléatoires. Voilà comment ça marche :
  1. À la fin de votre présentation, vous créez un jeu de diapositives court et simple qui résume votre session (en général, je crée deux jeux de cinq diapos chacun).
  2. Vous demandez à des participants de les présenter (donc dans mon cas, deux volontaires).
  3. Les volontaires n'ont jamais vu les diapositives auparavant, ce qui fait partie du jeu - donc ils voient les diapos pour la première fois au même moment que le public, et il faut qu'ils improvisent leur présentation en se basant dessus.
  4. Les diapositives avancent après 15 secondes, du coup la présentation dure à peine plus d'une minute.
Il faut leur donner la meilleure chance possible de comprendre sur quelle partie de la session porte chaque diapositive ! Si vous jetez un œil à la diapo 41 et suivantes dans la présentation intégrée à cet article, vous verrez un exemple de jeu de diapositives pour un challenge de diapos aléatoires.
Cela marche bien pour deux raisons - tout d'abord, c'est souvent hilarant. Les personnes du public crient si elles comprennent à quoi se réfère une diapositive avant les orateurs, et tout le monde quitte la session assez excité. Les formulaires de feedback à la fois à la British Library, où j'ai utilisé ça au cours de formations, et pour mes classes de maîtrise de l'information à York, montrent souvent que c'était la partie favorite des participants. L'autre raison pour laquelle ça marche, c'est parce que c'est souvent un résumé d'excellente qualité. Les gens disent exactement la même chose que ce que j'aurais dit si j'avais résumé la session moi-même, mais ça a plus d'impact car il s'agit d'une autre voix (et, avec les étudiants, c'est l'un de leurs pairs). Essayez ! La seule chose, c'est qu'il vous faut un plan B si personne ne se porte volontaire, ce qui m'est arrivé une fois. Avoir des récompenses aide à s'assurer que ça n'arrivera pas...

4. Concluez après les questions. C'est bien de finir une formation ou un cours avec un appel à l'action - un message clair expliquant ce que peuvent faire les participants après. Le message peut se retrouvé brouillé par une séance de questions - réponses (qui peut bien entendu soulever n'importe quoi), donc intégrez un temps pour les questions juste avant la fin, puis laissez-vous cinq minutes pour conclure la session avec quelque chose de direct et de significatif.

Une tablette comme assistant pédagogique


5. Utilisez Padlet sur votre tablette pour vous rappeler qui est qui. Padlet est un super outil qui peut être utiliser de bien des manières. Vous créez un mur en ligne, sur lequel vous et n'importe qui ayant l'URL peut poster des notes. N'importe qui peut double-cliquer n'importe où pour ajouter une sorte de post-it virtuel. Puis ils peuvent ajouter leur nom dans le titre, et une note, ou une URL - les liens vers des images ou des vidéos deviennent des objets intégrés sur le mur.
Je l'utilise pour crowd-sourcer les idées des gens pendant les formations - comme vous utiliseriez un tableau à feuilles mobiles sauf que tout le monde peut retourner jeter un œil à l'URL après la session, et ça devient une sorte d'archive pour que chacun apprenne des autres.

En tout cas, en fonction de la session, je fais un tour de table et demande aux gens de se présenter et de dire ce qu'ils attendent de la journée / de l'heure. C'est très utile en soi, car vous pouvez adapter les choses en conséquence. Je tape tout dans Padlet sur l'écran de présentation au fur et à mesure, ainsi on peut tous s'y référer plus tard et voir si on a fait ce qu'on avait dit ! Mais la chose vraiment utile c'est que vous pouvez choisir exactement où mettre les notes sur l'écran - du coup j'organise les notes de façon à ce qu'elles correspondent à l'agencement physique de la salle et où les gens sont assis, comme dans l'exemple ci-dessous. Ensuite, je l'enlève de l'écran pour le remplacer par ma présentation, et je mets le mur Padlet sur mon ipad - ce qui signifie que j'ai les noms de tout le monde au bon endroit et que je peux m'y référer facilement pour me souvenir de qui est qui !
(J'ai l'impression de ne pas avoir expliqué ça très bien. Est-ce que ça fait sens? L'exemple ci-dessous devrait vous éclairer.)

Un exemple de mur Padlet

6. Avancez dans la présentation, sur votre tablette. J'aime avoir ma présentation ouverte sur mon ipad, comme ça je peux voir ce qui va arriver ensuite. C'est particulièrement pratique si vous enseignez en duo avec quelqu'un d'autre - pendant que l'autre parle, vous pouvez réviser ce que vous devez dire ensuite. Une immense part d'une présentation réussie, pour moi, est d'avoir une impression de contrôle - et ceci aide.

Les Polycopiés


7. Distribuez les polycopiés. C'est tentant de se sentir plus organisé dans la distribution des polycopiés si vous le faite avant que tout le monde n'arrive, en les plaçant sur chaque PC ou sur chaque table. Mais si le groupe est composé de moins de 20 personnes, distribuez-les vous-même ;  c'est une très bonne opportunité pour rencontrer chacun individuellement et établir un contact visuel, même court, rend la communication plus facile et plus complète pour la session.

8. Utilisez des copies d'écran pour rendre les exercices facile à trouver. C'est impressionnant comme souvent les gens se perdent dans les polycopiés. Quand vous arrivez à un exercice dans le poly, ajoutez une copie d'écran sur votre diapositive au moment où vous introduisez l'exercice - ça rend les choses plus rapides et plus faciles et permet aux participants de savoir exactement où ils devraient être.

Documents pédagogiques


9. Utilisez un wiki gratuit pour stocker vos matériels d'enseignement. Pour toutes sortes de raisons, il est bon d'avoir ses documents pédagogiques en ligne. En particulier si votre session est pleine de liens, les mettre sur un wiki gratuit (PBworks par exemple) permet aux participants d'y accéder de cette façon et de cliquer simplement sur les URLs plutôt que d'avoir à les taper. Mettez le PowerPoint là aussi - ça signifie que vous aurez une copie de votre présentation et des polycopiés même si votre clé USB tombe de votre poche et que votre imprimante tombe en panne...

10. Envoyez la présentation à tout le monde après par e-mail. Un e-mail post-session est utile pour renforcer les messages clés, et en particulier pour s'assurer que les participants ont accès aux documents de présentation. Ne comptez pas sur ce que les gens (en particulier les étudiants) les cherchent d'eux-mêmes ; envoyez un e-mail directement après pour vous assurer qu'ils ont une copie de la présentation ET vos coordonnées. S'il y a des problèmes de pièces-jointes dus à la taille des fichiers, mettez vos présentations en ligne sur Slideshare et votre polycopié sur Scribd, et incluez des liens à la place.



Article original de Ned Potter. Traduction par moi-même.
Ce(tte) œuvre est mise à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale 3.0 non transposé.

lundi 25 août 2014

Organisation quand tu nous tiens

Comme ma chère collègue Laurence, je suis une férue d'organisation. J'ai utilisé de nombreux outils ces dernières années et, vu que c'est bientôt la rentrée et qu'il est temps de remettre de l'ordre dans nos bureaux, je me propose de vous présenter ceux que j'utilise en ce moment.

Comme vous allez-voir, je suis plutôt du côté des outils papiers plutôt que du tout électronique... Mais à chacun son truc !

Le journal

J'utilise un seul et même journal à la fois pour mon organisation personnelle et professionnelle. J'ai essayé d'en avoir deux différents mais le fait est que je préfère tout noter à un seul endroit : comme ça, si des idées me viennent pour ma liste des courses en plein milieu de la journée, je n'ai pas besoin de sortir un autre carnet ou de dégainer mon smartphone. Tout va au même endroit. Du coup, c'est un peu en vrac, mais au moins je suis sûre d'avoir toujours tout sous la main.

Mon prochain journal, décoré par Julia.

Pourquoi un journal papier ? Parce que c'est joli déjà. (Oui, oui, ça compte.)
Et parce que ça me permet de faire des petits dessins, des mind maps et même de l'art journaling à mes moments perdus, sans avoir à cogiter sur le logiciel approprié.
Aussi parce que je suis une adepte de l'écriture manuelle. Je réfléchis mieux quand j'écris. De plus, j'écris beaucoup dans les transports et, on dira ce qu'on voudra, taper sur un clavier virtuel, c'est pas ultra pratique.
Enfin, je suis beaucoup plus rapide pour prendre des notes manuelles pendant conférences et ateliers. Parce que je suis une amatrice d'abréviations et de grandes flèches dans tous les sens. Du coup, j'estime que ça vaut le coup d'avoir à tout retaper une fois rentrée. Et c'est toujours bien pour remettre de l'ordre dans les structures parfois sibyllines des présentations de certains conférenciers...

Du mind-mapping dans un précédent journal.

Les listes

Importante partie de mon journal, les listes hebdomadaires que je mets à jour chaque lundi en arrivant au bureau. Sur une double page, je note d'un côté ma liste pro et de l'autre ma liste perso.
Pour ma liste pro, j'utilise la technique présentée par le Bullet Journal.
J'ai testé leur système d'index que j'ai rapidement abandonné : je n'ai pas suffisamment de pages consacrées à des thèmes particuliers pour que ça en vaille la peine. À la place, je fais des marque-pages en masking-tape : c'est plus joli. Et plus la peine de s'embêter à numéroter toutes les pages.

Des marque-pages au masking-tape dans mon journal actuel...

Le calendrier au mois ne m'est pas super utile vu que j'utilise d'autres outils (voir plus bas), mais j'aime bien l'idée de la liste de tâches du mois histoire de mettre en exergue les gros projets à venir.

Calendrier et tâches du mois d'août

Du coup, la seule chose que j'ai vraiment gardé, c'est leur façon de faire des listes. Des ronds pour les rendez-vous, des carrés pour les choses à faire, avec des sous-listes quand il y a plusieurs choses à accomplir pour un même point. J'ajoute des couleurs par thème (mon chartership en bleu ciel, mes formations à préparer en vert...) et j'utilise des types de stylos différents pour distinguer le pro (au feutre) du perso (au bic).

Mes to-do lists de cette semaine.

Pour prioriser les points de ma to-do list, j'utilise cette technique : l'idée c'est, au lieu de faire le plus facile ou le moins déplaisant en premier, de s'atteler à sa liste tâches selon le modèle suivant.

Pour adapter ce modèle à votre propre activité, remplacez "training" par votre mission principale.

Je fais en premier les taches de l'encart 1 sur le graph : celles qui auront le plus d'impact sur ma mission d'enseignement avec un effort minimal. Puis je passe au 2 (fort impact mais beaucoup d'efforts demandé), au 3 (peu d'impact et peu d'effort : ce sont souvent les tâches les plus amusantes) et au 4 (peu d'impact, beaucoup d'effort).
Je mets en évidence les tâches que j'ai décidées comme étant prioritaires avec des petites étoiles. Just because.
Et parfois je fais des tâches d'importance moindre avant des tâches plus importantes parce que personne n'est parfait. Et que c'est plus amusant de mettre à jour le Twitter de la bib que de courir après des profs réticents à l'idée de toute formation.

Les calendriers

Concernant les calendriers, les outils électroniques restent à mon sens indispensables.
L'épine dans mon pied actuellement c'est que le système de mon établissement est si fermé que je ne peux pas faire apparaître mon calendrier professionnel dans mon calendrier Google personnel. Du coup, je copie-colle à la main les informations concernant mes rendez-vous à l'extérieur pour être sûre d'avoir l'adresse de la conférence de demain bien au chaud dans mon téléphone.

Mais afin d'avoir une vue d'ensemble de mes training sessions sur l'année, j'utilise aussi un calendrier papier colorié au feutre, posé bien en évidence sur mon bureau. Il m'aide à planifier l'organisation de mes sessions à l'avance et à anticiper les périodes de rush.

Mon calendrier pour l'année 2014-2015 commence déjà à être bien rempli !

Le suivi de mes classes

Enfin, outil majeur dans mon organisation, tout mon arsenal de classeurs Excel.

Mon outil de base, c'est la liste des différentes classes de mon établissement, classées par niveau, avec mention de mes tentatives de communication avec les tuteurs et des cours que j'ai donnés ou qui vont avoir lieu. Ça me permet de voir où j'en suis dans mon but de donner des formations à tous les doctorants par exemple, et quelles sont les classes qu'il me reste encore à atteindre.

Mes classes de doctorants. En blanc : celles pour lesquelles je n'ai pas encore réussi à organiser de formations.


Deuxième outil, indispensable dans cette période de pré-rentrée, un tableau récapitulant où j'en suis dans la préparation des différents cours que j'ai à donner sur les prochains mois. Comme je vais en avoir plusieurs par jour en septembre, il faut que tout soit au cordeau bien à l'avance !

Ma check-list pour mes formations de septembre. Si c'est en vert, c'est prêt !

Enfin, le dernier outil sur lequel se base en fait le précédent tableau, ce sont mes plans de sessions pour chaque classe. En plus d'inclure le plan détaillé de la formation, j'inclus en première page une check-list très complète notant toutes les choses que je dois mettre en place avant une formation.
Une fois que ma session est bien calée, j'imprime le tout comme ça je peux "checker" chaque point à la main au fur et à mesure de mon travail... Parce que ça fait tellement plaisir de voir les choses ainsi avancer !

La première page de mon modèle de récapitulatif de session, avec sa to-do list interminable...


Mais ça, je vous en parlerais peut-être plus en détail une prochaine fois...


Licence Creative CommonsToutes les images de ce post ont été créées par mes soins en août 2014.
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